“Discussion avec Jennifer, membre de l’association AILES de la PA et enquêtrice chez la fondation Brigitte Bardot”

Peux-tu te présenter ?

Bonjour à tous, j’ai commencé le bénévolat en étant famille d’accueil pour 2 chats Ben et Nut’s en 2014. J'ai grandi avec des chiens, à cette époque je ne connaissais pas les chats et j’en avais peur mais mon désir d’aider les animaux m’a permis de surpasser ces peurs et surtout d’apprendre à les connaitre.

Mon parcours dans la protection animale a commencé en aidant le refuge (qui récupère les chats abandonnés) où j'ai appris à faire des adoptions puis j'en ai été vice-présidente.

Ensuite, je me suis rapprochée d'une école de chats libres afin de comprendre l’univers de chats errants et libres qui est bien différent de celui des chats abandonnés dans les refuges. J’avais des missions de trappage, vérification sur site des animaux, nourrissage, nettoyage d’un local….. En parallèle, je répondais aux sollicitations pour aider tout animal en détresse, chiens, chats, chèvres, lapins etc….Je n'ai jamais cessé la garde d'animaux en famille d’accueil.

Puis j’ai fait une très belle rencontre ! Une enquêtrice de la fondation Brigitte Bardot, une personne au grand cœur et à l’implication sans faille, m’a demandée un jour d’accueillir en urgence en famille d’accueil un chien suite à un retrait pour maltraitance et j'ai évidemment accepté. J’ai alors postulé pour être enquêtrice, et j'ai été acceptée en Octobre 2018. Je suis également enquêtrice pour l’association fondation Assistance aux animaux.


Je fais partie de l’association « AILES de la PA » et j’aide toute association qui aurait besoin de moi pour sauver un animal.


Comment distinguer les chats « de maison » des chats « des rues/errants » ?

La loi dit que les chats nés après le 1er Janvier 2012 doivent obligatoirement être identifiés, par puce électronique ou tatouage. Les chats « de maisons » sont donc, théoriquement, tous identifiés. Les animaux dit « errant » n’appartenant à personne et sont de fait, non identifiés.

Il faut savoir que le chat errant n’est pas protégé puisqu’il n’est pas identifié. Il est parfois difficile de différencier les chats errants des chats de maisons "en balade".


Est-il possible de domestiquer un chat des rues (ou chat errant) ?

Oui, il est tout à fait possible de sociabiliser certains chats libres. Néanmoins, il faut, à mon avis, garder toujours à l’esprit le bien être de l’animal et donc toujours se demander ce qui est le mieux pour lui. Systématiquement pour le bien être de la population féline, ils doivent être stérilisés et identifiés. Chaque cas étant différent, nous agissons au cas par cas pour ces animaux. Après les avoir fait stériliser et identifier plusieurs critères rentrent en compte :
- Leur territoire est-il sécurisé (routes à proximité, mauvaises intentions humaines...)?
- Sont-ils nourrit?
- Sont-ils surveillés?
- Peuvent-ils être soignés en cas de problèmes….
- Et seront-ils plus heureux enfermés en sécurité ou libre sur leur territoire ?
C’est LA question.


Les chats de rues sont-ils malheureux ?

Nous avons très peu de recul sur les études comportementales des chats néanmoins, nous savons que le chat errant, non stérilisé, livré à lui-même, risque effectivement d’être malheureux. Il sera confronté notamment aux bagarres de territoire, souffrances lors de maladies, infections, danger divers tel que l’homme. Il est difficile de se prononcer également d’une façon général puisque selon le lieu, notre attitude doit être différente (ville/campagne, lieux sécurisé ou dangereux…. ).


En quoi consiste le trappage ?

Le trappage est illustré dans la vidéo . Cela consiste à « piéger » sans faire de mal à l’animal. Le but étant de pouvoir le transporter chez un vétérinaire en toute sécurité pour lui comme pour nous. Alors il pourra être identifié, stérilisé puis relâché sur son territoire, si celui-ci le permet.


Raconte-nous ton quotidien ? (Équilibre entre vie privée, travail et tes heures de bénévolat)

Il n’y a pas de journée type puisque les sollicitations arrivent par à coup et surtout par des biais très différents.

Et ce qui est inévitable, c’est que je travaille ! Je suis donc tenue à des horaires de bureau en semaine pour mon employeur.

La quasi totalité de mon temps libre est dédié au bénévolat pour la protection animale. J’ai des animaux en famille d’accueil quasiment toute l’année, les enquêtes pour maltraitance sont malheureusement de plus en plus nombreuses. Je garde un peu de temps libre pour ma famille, mes amis, faire du sport et voyager. L’équilibre d’une semaine est donc 35H minimum pour le travail, le reste serait 80% protection animale, gestion des animaux en famille d’accueil et 20% pour les amis, la famille, les loisirs, le sport et les voyages.


Plus les chats errants sont nombreux et moins les gens les nourrissent afin de ne pas encourager la prolifération, qu’en penses-tu ? Avons-nous tout de même le droit de les nourrir ?

Par arrêté municipal, certains maires interdisent à leurs administrés de nourrir les chats errants. C’est contraire à la loi : « Le fait de priver de nourriture et d’abreuvement un animal domestique est reconnu cruauté passive conformément à l’Article R214-17 du Code Rural.

Un chat qui n’est pas nourrit ne deviendra pas par magie un chat stérilisé. Je considère que l’humain étant responsable de ces chats errants, ils doivent les assumer. Si chacun stérilise son chat et ne considère pas « qu’il peut se débrouiller seul dehors », nous n’aurions pas une telle population féline livrée à elle-même. Il est donc inconcevable de ne pas s’en occuper.


Pourquoi faut-il agir contre la prolifération des chats ?

Je pense, et cela n’engage que moi, que nous pouvons vivre, ou plutôt que nous devrions vivre en harmonie avec les populations qui nous entourent. Mais je peux concevoir qu’être « envahi » de chats qui ne nous appartiennent pas n’est agréable pour personne. Si nous contrôlons les populations, nous devrions pouvoir convaincre que le chat qui vit dehors, stérilisé, identifié et pris en charge en cas de besoin, ne doit pas déranger l’être humain qui vit à proximité.

Et ce que nous devrions tous avoir à l’esprit, ainsi cette question ne se poserait sans doute pas ? C’est qu’un être vivant, quel qu’il soit, souffre. Les associations sont débordées, nous n’arrivons pas à nous occuper de tous ces chats correctement. Qui a envie d’être responsable d’un animal qui va naître et qui va devoir lutter pour se nourrir et agoniser s’il est malade ? J’aimerai penser que, personne !


Quels conseils nous donnerais-tu ?

Un chat est très résistant à la douleur, lorsque vous percevez un chat en détresse, c’est bien souvent une urgence vitale ! Le chat cesse de se nourrir, maigrit, change ses habitudes, consultez un vétérinaire ou prévenez une association pour un chat libre.

1/ La responsabilité de tous !
Les communes doivent s’impliquer, c’est le moment de les solliciter, à l’approche des élections, pour défendre la cause animale ! Je suis « monsieur tout le monde » et pourtant j’ai réussi à stériliser des chats errants, à être famille d’accueil, à être enquêtrice…. Si je peux le faire, vous le pouvez. Nous n’avons pas tous les mêmes capacités et compétences mais nous pouvons tous apporter notre pierre à l’édifice.

2/ Stérilisez vos chats :
Oubliez toutes les pensées, les théories, les croyances….. (mon chat ne sort pas, mon chat aimerait connaitre la maternité, dans ma religion il ne faut pas etc….extrait des quelques arguments que j’ai pu entendre). Il y a trop de chats malheureux pour continuer à laisser naitre ! Celui que vous donnerez à vos amis prendra la place de celui qui sera à adopter en association.

3/ Identifiez vos chats !
Même si il ne sort pas, même si il ne sort pas du jardin, même si….. Aucun argument n’est valable car c’est la loi et au-delà, c’est la seule protection pour lui pour ne pas être considéré comme chat errant et donc susceptible d’être euthanasié si il est récupéré par une fourrière. Egalement d’être adopté par une autre famille en cas de perte

4/ Adoptez et n’achetez pas :
1 animal adoptez, c’est 2 sauvés ! Celui qui est adopté et celui qui pourra être accueilli à sa place.

5/ Si vous voyez des chatons, n’ayez pas le réflexe de les récupérer systématiquement.
Maman peut être parti chercher à manger, chasser, se reposer….2 chatons sur 5 en moyenne ne survivront pas sans leur maman et en dessous d’un certain poids, ils seront euthanasiés par certaines structures. L’idéal est de surveiller, de laisser la maman avec les chatons jusqu’au sevrage et de stériliser ensuite.

6/ Communiquez autour de vous :
vous êtes sensible à la cause animale, renseignez-vous sur les réseaux sociaux, internet, apprenez et diffusez les messages. Beaucoup connaissent mal les possibilités d’actions alors que beaucoup sont prêt à aider.

7/ Faites des dons :
Financiers à des structures ou vous pouvez contrôler leurs actions (attention il existe, comme partout des arnaques)
Matériels avec du linge de maison
Temps en vous impliquant, ne serait-ce que périodiquement pour une collecte par exemple.

De façon général, j’ai envie de faire passer 1 message : Ne fermez jamais les yeux sur une situation de souffrance.



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Discussion avec Jennifer | 20.11.2019